Témoignage lors de la convention Culture, Patrimoine et Identité (31 janvier 2014)

Monsieur le Maire, Monsieur le Président du Conseil Général, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs,

Je suis simplement ravi de participer à cette convention et je vous remercie, Monsieur le Maire, à la fois de l'avoir organisée, mais aussi de me permettre de m'y exprimer en tant que témoin.

Le témoin, le testimoni en niçois, le testimonius en latin, c'est un tiers – un terstis – qui apporte la preuve, certifie, révèle ce qu'il sait. Que sais-je donc ?

Tout d'abord, je sais – puisque je le vois - que notre identité, souvent décriée et raillée, parfois méprisée, est associée dans l'intitulé même de cette convention au terme noble de culture. C'est pour moi une reconnaissance, une marque de respect à l'égard de nos pères et de leur vie sur cette terre de Nice. En effet, le patrimoine et la culture sont l'empreinte de la vie de ces hommes, de leur mode de vie, de leurs choix, de leurs engagements, de leurs talents. Et quand il s'agit d'hommes, il n'en est pas de majeurs ou de mineurs. Quand il s'agit de cultures, il n'en est pas de majeures ou mineures. Quand il s'agit d'une identité, forgée sur une culture et un patrimoine, il n'en est pas de majeure ou mineure. La nôtre est niçoise, pas plus mais pas moins ! La nouòstr'identità es nissarda e n'en pouden estre fier.

Ainsi donc, puis-je témoigner et affirmer que notre culture, notre patrimoine et notre identité ont été respectés, mis en valeur et honorés ? Je crois que l'on peut observer les réalisations dans trois domaines :

Traces matérielles - Traditions populaires niçoises - Langue et écrits

Traces matérielles

- création d’un Service archéologique et d’une direction du Patrimoine historique au sein de l’administration communale ;

- reprise des fouilles archéologiques au Château et à Cimiez ;

- ouverture au public du fort du Mont-Alban et de la crypte archéologique Garibaldi ;

- rénovation des façades du palais Corvesy, de la place Garibaldi, des églises Notre-Dame, Sainte-Hélène et Saint-Philippe, des chapelles de la Miséricorde, de la Sainte-Croix et du Saint-Sépulcre, de la gare du Sud ;

Traditions populaires niçoises

- soutien renouvelé aux associations et aux publications niçoises ;

- fidélité aux fêtes traditionnelles (Saint-Vincent, Cougourdons, Mais, Vœu, Saint-Pierre, San Bertoumiéu, Presepi).

Langue et écrits

La langue est essentielle, à mon sens, car elle est le véhicule du raisonnement, des sentiments, elle induit la relation à l'autre et elle est constitutive de notre identité. Particulièrement à Nice où les bouleversements politiques ont amené les Niçois, tout au long de leur histoire, à trouver un refuge dans leur langue, entre français et italien. En ce sens,

- l'ouverture de l’école bilingue français-nissart des Orangers fut un grand pas ;

- de même, dispenser des cours de niçois au personnel municipal ;

- publication d'ouvrages de textes inédits sur l'histoire de Nice des XVIe et XVIIe siècles.

En tant que témoin, je peux donc témoigner de ma satisfaction face au travail accompli et au lancement de divers projets. Et au-delà de tout ceci, pour le citoyen que je suis, ce que disent nos élus et ce qu'ils font, ce que vous dites et ce que vous faites, Monsieur le Maire, est certes important, mais est important aussi ce que vous manifestez. Et je peux apporter un témoignage fondé sur notre expérience du Théâtre Niçois de Francis Gag, qui est transversal : il est à la fois la transmission de la langue, de l'histoire, de la vie quotidienne des Niçois, il est une tradition populaire fortement ancrée, il est un art vivant. Cette culture, Monsieur le maire, vous l'avez toujours reconnue par votre présence à chacune de nos séries de spectacles et ce sont des milliers de Niçois qui en sont touchés à chaque fois.

Je vous remercie donc, Monsieur le Maire de cette estime que vous manifestez pour notre culture, notre patrimoine et notre identité. Si vous me le permettez, je vais émettre un souhait : je souhaiterais que vous parveniez à dépoussiérer, à rajeunir l'image que notre identité véhicule et que nous puissions oublier les vieux clichés. Entretenir ses racines n'est pas archaïque et nous le prouverons en allant vers la jeunesse, en continuant ce que vous avez entrepris avec l'école bilingue et en concevant et en mettant à disposition des jeunes du matériel d'apprentissage de notre langue et de notre histoire. De même, je crois à l'utilisation des nouvelles technologies dans cette découverte et cet apprentissage, parce qu'elles sont maîtrisées par la jeunesse. En tant qu'enseignant, je sais qu'elles donnent accès au son, à l'image et permettent une interactivité que d'autres supports n'offrent pas. Au-delà des scolaires, les bases de données que nous pourrions constituer, à partir de nos archives, de nos trésors artistiques seraient accessibles à tous les publics, niçois ou non.

Je ne vois que des avantages à une telle entreprise : des budgets somme toute réduits, un travail à long terme, une transmission de la connaissance et du savoir et enfin et surtout la conscience d'une identité, sur laquelle chacun se reposera.

Per cen qu'avès fach e per cen que farès encara, Moussù lou mèra, vous rengraci.

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