Plaisir

Carnet Moleskine

Le 16 février 2020.

Je me suis offert un carnet Moleskine ! En soi, me direz-vous, rien d’extraordinaire, ce n’est qu’un carnet… Certes, mais il fait désormais partie de la liste des objets que je passe en revue le matin avant de partir : téléphone, stylo, portefeuille, clés...

Longtemps j’ai immodestement pensé qu’il serait pertinent d’avoir un carnet sur moi, dans lequel noter sur l’instant toutes ces idées géniales que ne cesse de produire mon cerveau dérangé. L’âge venant et l’expérience affinant ma lucidité, j’avais abandonné ce projet : combien d’idées méritent-elles d’être notées ? Objectivement peu. Exit le carnet, donc.

Et puis voilà qu’un personnage atypique et perspicace me suggère, au cours d’une bienveillante conversation sans concessions sur l’importance du plaisir, de me doter d’un carnet qui serait un aide-mémoire. J’y inscrirais sur le vif les bons moments de la vie.

Knock

Le 3 mars 2021.

« Les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent », affirme Knock dans la fameuse pièce de Jules Romains. L’on ne comprend combien c’est vrai que lorsque se déclare subitement une petite cochonnerie auto-immune venue d’on ne sait où, qui entraîne dans un parcours à durée indéterminée ces bien-portants qui ont le tort « de dormir dans une sécurité trompeuse, dont les réveille trop tard le coup de foudre de la maladie ».

Peut-être dormais-je, en effet, mais ce n’est pas un coup de foudre qui me frappa l’année dernière : plutôt un diagnostic qui fit l’effet d’un coup de fouet. Presque un an après, j’en mesure les bienfaits, aidé en cela par Claire et les professionnels qui m’accompagnent. L’un d’entre eux, notamment, m’a amené à reconnaître les plaisirs du quotidien et à savoir les goûter. Ma gratitude lui est acquise.

Mieux encore : depuis quelque temps, ce qui me chatouille, c’est le plaisir viril, le plaisir du mec, quoi !

Pour le(s) plaisir(s)

Le 16 juillet 2021.

Une semaine de première pause estivale, c’est bien le minimum pour rattraper mon retard dans mes activités personnelles. Dans mes chères montagnes beuilloises, entre deux averses et deux balades avec Claire et Joia, je rattrape donc.

Un peu de temps d’abord pour trier et purger les reliquats non traités : dossiers, messageries et paperasses diverses. Un peu de temps aussi pour organiser cet été entamé, qui se découpera en tranches : pauses, préparation de la rentrée (en tant qu’élu pour les écoles niçoises et en tant qu’enseignant pour mes propres cours), moments avec les amis autour de bons repas évidement... Un peu de temps ensuite pour œuvrer aux projets pour l’année à venir : théâtre et écriture notamment. Déjà parvenir à la fin de ce billet, puis écrire la chanson que m’a commandée Joris, qui vient de mettre si joliment en musique « Moure de tola », dans un registre différent de « Carmarina ». J’aimerais aussi commencer une pièce, à jouer avec ma fille Marie, projet qui va au-delà de la simple écriture. Un peu de temps enfin pour revenir sur les mois écoulés et les plaisirs goûtés. Jusqu’alors, je ne prenais pas ce temps, et c’était une erreur. Repenser aux joies et aux satisfactions éprouvées, c’est les revivre et mesurer sa chance de les avoir connues.

L'année dernière, l’on me découvrit une maladie auto-immune au nom barbare, extrêmement invalidante au début. La surprise évacuée et le traitement établi, j’ai progressivement appris à apprécier les petits et les grands plaisirs du quotidien. Non que ma vie d’avant en fût dénuée, mais emporté par mon tourbillon d’hyperactif, je n’en jouissais pas. J’ai donc appris le(s) plaisir(s).