J'aime ce pays

Le 19 août 2015.

« J’aime ce pays, et j’aime y vivre parce que j’y ai mes racines, ces profondes et délicates racines, qui attachent un homme à la terre où sont nés et morts ses aïeux, qui l’attachent à ce qu’on pense et à ce qu’on mange, aux usages comme aux nourritures, aux locutions locales, aux intonations des paysans, aux odeurs du sol, des villages et de l’air lui-même. »

Dixit Maupassant dans Le Horla. Propos universel d’un auteur universel.

A l’occasion d’une escapade en Normandie, je croise Alphonse Allais à Honfleur, Barbey d’Aurevilly à Saint-Sauveur-le-Vicomte, Corneille et Flaubert à Rouen… Flaubert et donc Maupassant, bien sûr. Ce cher Maupassant que j’élève au rang des plus grands et dont la lecture me fit découvrir ces terres nordiques, ses campagnes, ses bourgs, ses paysans, ses notables, ses mœurs.

Et c’est bien tout cela, en fait, que l’on aime, lorsque l’on aime une terre : ce sont les lieux, mais ce sont aussi les hommes, ceux qui y vivent et ceux qui nous y ont précédés, les baignant de leur sueur, de leur sang et de leurs larmes ; les imprégnant de leur force, de leurs souffrances, de leurs talents et de leur amour ; les marquant de leur travail et de tous leurs actes. Aimer une terre, c’est respecter ce que nos aïeux nous ont transmis : selon l’étymologie, il s’agit là de tradition.

Et comment respecter la tradition sans connaissance de nos origines et de nos différences ? En ces temps troublés où sont remis en cause notre histoire et nos fondements linguistiques mêmes, souvenons-nous avec Jacqueline de Romilly qu’ « il est dangereux de faire des amnésiques ». On ne peut, au nom d’un égalitarisme mutilant, nier le passé et rayer d’un trait de plume tout ce qui nous fait aimer notre terre. Parce que c’est aussi ce qui nous rend aptes à aimer d’autres terres et d’autres traditions et donc d’autres humains.   

« Bien connaître un homme ne conduit jamais à la haine, mais presque toujours à l'amour », écrivait John Steinbeck.

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